LA LANGUE EGYPTIENNE ET SON EVOLUTION A TRAVERS LE TEMPS
L'égyptien ancien dépend de la vaste galaxie des langues sémitiques d'où sont issues la majorité des langues anciennes de Mésopotamie et de Syrie-palestine, au premier rang desquelles figure l'akkadien, et dont l'hébreu et l'arabe sont aujourd'hui les représentants les mieux connus.
Les structures grammaticales, le rôle prépondérant des consonnes qui conduit à éliminer les voyelles de l'écriture, ainsi que de très nombreux mots appratiennent à cette famille. On constate néanmoins que l'égyptien ne se rattache à aucune langue connue mais révèle peut-être un fond africain.
L'égyptien fut en usage durant plus de quatre mille ans soit d'environ 3.200 av.JC jusqu'au IXème siècle de notre ère.
Il est bien évident que la langue n'est pas restée identique durant une période aussi longue. On distingue deux phases principales dans son évolution.
La première, qui inclut l'ancien et le moyen égyptien, court de la fin du quatrième millénaire à la première moitié du second millénaire av.JC soit donc de l'époque proto-dynastique à la fin du Moyen-Empire.
La seconde phase, elle appartient au néo-égytien (XV-VIIème siècle av.JC), ainsi qu'au démotique (du VIIème siècle av.JC jusqu'au Vème siècle ap.JC). Elle s'est développée jusqu'au copte qui disparaît au profit de l'arabe vers le IXème siècle de notre ère.
Les étapes de transition d'une phase à l'autre sont assez difficile à saisir étant donné le retard que prend toujours la langue écrite sur la langue parlée, la "langue vulgaire".
Ce phénoméne très souvent présent dans les anciennes civilisations, s'est encore plus accentué en Egypte par le caractère quasi-sacré du moyen égyptien, la langue du Moyen-Empire (2050-1850 av.JC), qui devient le vecteur des textes officiels et religieux jusqu'à l'époque romaine.
Ce grand écart entre la langue parlée et la langue écrite, fit souffrir bien des générations de scribes, tout particulièrement à la fin du Nouvel-Empire, d'où les nombreuses approximations en matière d'orthographe et de grammaire.
LES PRINCIPES DE L'ECRITURE
L'égyptien doit son record de longévité au fait qu'une écriture fut très tôt mise à son service (vers 3.200 av.JC). Les hiéroglyphes sont en effet la plus anciene des écritures du monde après le système cunéiforme mis au point au pays de Sumer, au sud de l'Iraq actuel. Ce sont des signes reproduisant de manière très fidèle hommes, bêtes et autres individus ou choses de la Vallée du Nil, mais dont l'emploi complexe rendu la compréhension impossible jusqu'aux travaux de Jean-François Champollion.
Qu'est-ce qu'un hiéroglyphe ?
Le hiéroglyphe, signe sacré, est apparu progressivement avant 3200 av.JC, tout d'abord sous la forme de dessin plus ou moins énigmatique mais qui était déjà une forme d'écriture puisqu'il voulait "dire et transmettre" un message.
Des dessins, même primitifs ou archaïques, qui se prononcent, qui transmettent un message parlé ou écrit sont une écriture. Certains de ces dessins avaient un son et d'autres étaient uniquemet des idéogrammes.
Le système hiéroglyphique n'est pas alphabétique, il est composé de plusieurs milliers de signes. Ce système était réservé aux prêtres qui gardaient précieusement le secret de leur savoir afin de préserver l'aspect sacré de leur écriture, qui ne devait en aucun cas être à la portée de tous, d'où sa complexité et sa richesse.
De ce fait, elle ne pouvait subir d'influence qui aurait pu dégrader et appauvrir le système car toutes influences étrangères à la parole divine auraient désacralisé l'écriture hiéroglyphique.
La culture pharaonique est principalement fondée sur la conception d'essence divine du hiéroglyphe. Celui-ci, étant
un "idéal de la parole divine", transmis par dieu et qui doit s'utiliser à toute forme et à toute idée.
L'écriture hiéroglyphique est constituée de :
- phonogrammes, signes qui expriment un son. Ils n'ont qu'une valeur phonétique.
- idéogrammes, signes qui expriment un mot complet, avec des valeurs phonétiques ou visuelles, parfois avec les deux valeurs. Ces signes peuvent être accompagnés de compléments phonétiques.
- déterminatifs, signes qui déterminent ou qui complètent les sens d'un mot, sans valeur phonétique. Ces signes
sont donc uniquement visuels. Ils affinent, parfois de manière très subtile, le sens d'un mot car ils ajoutent
un "sens visuel" non exprimable phonétiquement.
Ce sont les phonogrammes, références phonétiques, qui vont permettre de classer les mots de manière "alphabétique".
Ce classement se fait également en fonction du nombre de son(s) que chaque signe peut émettre. Les signes sont aussi classés selon le nombre de son(s), sous les formes de :
- unilitéres = 1 son (il y en a 30)
- bilitères = 2 sons (environ 80)
- trilitères = 3 sons (environ 50)
- quadrilitères = 4 sons (plus rare)
Ces signes purement phonétiques, n'expriment pas ce qu'ils représentent. Exemple avec le vautour
Il a uniquement la valeur phonétique "a" et ne veut pas dire "vautour".
Les hiéroglyphes peuvent s'écrire horizontalement de droite à gauche ou de gauche à droite mais également verticalement ou en colonne. La lecture de ces hiéroglyphes, se fait de droite à gauche ou de gauche à droite.
L'écriture épigraphique, gravée dans la pierre, par soucis d'esthétisme, de symétrie, de "mise en page", etc.,
peut offrir ces divers sens d'écriture sur une même paroi.
Pour connaître le sens de lecture, il suffit de repérer les signes qui ont une "face". Ils indiquent, le sens de
lecture du texte :
De droite à gauche
De gauche à droite
Par contre, les papyrus écrits en hiératique, (écriture simplifiée des scribes) sauf exeptions pour une mise en page bien particulière, sont écrits de droite à gauche.
Il n'y a ni séparation entre les mots, ni ponctuation entre les phrases, c'est le repérage des déterminatifs et la connaissance du vocabulaire et de la grammaire qui permettent de structurer la phrase au premier coup d'oeil.
Chaque signe peut avoir des tailles très variables selon la mise en page que veut obtenir le scribe et selon le
support d'écriture, les mots peuvent également être coupés d'une ligne ou d'une page à l'autre. Malgrès tout, l'
écriture s'enchaîne toujours harmonieusement et subit des règles bien établies auparavant, selon un système de
"cadrats" qui sont des cardres imaginaires regroupants les signes.
En effet, un cadrat pourra contenir 1 grand signe ou 2 moyens ou 3 petits et ce, en fonction de leur forme ronde, horizontale ou verticale. L'harmonie des proportions est établie par le scribe, qui évalue les fonctions de la forme de chaque signe et aussi de l'impotance de tel ou tel signe dans le mot, afin de permettre une lecture claire et efficace.
Un cadrat ne délimite en aucun cas un mot, ni même un son, il a seulement une valeur esthétique lors de l'écriture,
1er cadrat : 1 signe
2ème cadrat : 2 signes
3ème cadrat : 3 signes
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NATURE ET FONCTION DES TEXTES EGYPTIENS
L'aristocratie égyptienne, numériquement peu nombreuse, composée de scribes, prêtres, administrateurs et dignitaires proches du roi, exerçait sur tous les aspects de la vie économique, sociale et intellectuelle du pays un fort pouvoir. Elle émit de très nombreux textes les plus variés dont une très infime partie nous est parvenue jusqu'ici. Si nous observons les textes qui nous sont parus, nous veront que la très grande majorité sont des textes funéraires, pas parce que les Egyptiens étaient d'infatigables passionnés des pompes funébres, tout simplement parce qu'un texte religieux ou funéraire était coçu pour durer et traverser les millénaires contrairement à un écrit rapportant de la quantité de blé vendu dans le mois qui était jugé circonstanciel par ses auteurs, et donc périssable.
Nous pouvons classer ces textes en cinq catégories principales : les textes mémoriaux, viatiques, cultuels, documentaires et littéraires. Chaqu'un de ces textes avaient des fonctions distinctes et propres à chacun.
Les textes mémoriaux :
En effet, celà pouvait être en souvenir de quelqu'un, car dire ou lire le nom d'une personne sur une pierre, redonnait vie et existence au défunt. Comme ses sujets, le roi émet aussi de nombreux textes mémoriaux, soit dans une perspective funéraire par l'inscription de ses noms sur des éléments architecturaux, soit dans un but politique, inscrits sur des stèles ou murs de temples destinés à être vus, comme par exemple des récits de victoire, de constructions, de transcriptions d'actes juridiques importants, etc.
Les textes cultuels :
Ce sont eux surtout qui couvrent les murs des temples égyptiens. Leur fonction est de pérénniser à tout jamais le fonctionnement du monument par l'affichage permanent du culte que le roi seul, assure au dieu local et en échange de quoi il reçoit la garantie perpétuellement renouvelée que l'Egypte bénéficiera de toutes les conditions indispensables à la vie telle que la lumière, la chaleur, l'eau ou bien la terre fertile. Ils sont coçus comme compléments aux scènes de culte figurées en bas-reliefs.
Les textes viatiques :
Ce sont des magiques en tout genre comme les Textes des Pyramides, les Textes des Sarcophages, le Livre des Morts ou bien encore le guide de l'au-delà s'adressant aux puissances mystérieuses et invisbles telles que les dieux. Dans cette catégorie, nous avons également les compositions magiques destinées à la sauvegarde des vivants.
Les textes documentaires :
ces sources sont assurémment les "moins menteuses" de toutes puisqu'elles reflètent une réalité immédiate, sans souci de propagande. Ce sont les seules qui nous permettent d'entrevoir la condition réelle des Egyptiens de l'ombre donc le petit paysan. Ces textes comprennent des actes de comptables et administratifs, les pièces juridiques originales (contrats, procès verbaux), les lettres officielles et privées.
Les textes littéraires :
Les Egyptiens comme tous peuples, aimaient la vie et ses divertissements. Certains d'entre-eux, ne se contentaient pas de jeux ou de sports mais s'intéressaient aux "belles-lettres". L'Egypte ancienne effectivement, possède une littérature très vaste, comme des romans, des contes, des poésies (chants d'amour). Ces oeuvres sont très souvent courtes et satiriques et les meilleures d'entre elles, sont un réel plaisir pour le lecteur d'aujourd'hui.
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